Peut-on parler de risques liés à la déflation, dans la zone euro ?
La Grèce est officiellement entrée en déflation – i.e. a subi une baisse de son niveau général des prix – au mois de novembre 2013, pour la première fois depuis 50 ans. Cela est d'autant plus préoccupant que la croissance dans la zone euro a été très faible, et même négative au cours de la dernière année, à tel point qu'un retour d'une grande déflation semble possible.
Le fait de se demander si l'on peut parler de risques liés à la déflation dans la zone euro, oblige à relier deux problématiques. Il y a premièrement la question de savoir si la déflation est néfaste, et deuxièmement celle de savoir s'il existe un risque de déflation à l'échelle de la zone euro. Nous exposerons donc tout d'abord les arguments qui soutiennent ou au contraire mettent en garde contre la déflation, avant de voir si la déflation devrait être contenue à certains pays ou pourrait au contraire se disséminer à l'échelle de la zone euro.
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Pour Thomas Sargent, prix de la banque de Suède 2009, la déflation est un mécanisme d'ajustement salutaire, qui peut permettre à un pays de redevenir compétitif. En effet, si les prix baissent dans un pays plus rapidement que dans d'autres
(et a fortiori, si les prix sont stables ou en hausse dans les autres pays) et plus ce pays va devenir compétitif, au sens où ses produits seront plus abordables. Une telle idée repose bien évidemment sur l'hypothèse que la déflation ne va pas se généraliser à l'ensemble de la zone euro, sans quoi la compétitivité de la Grèce ne s'en trouverait pas améliorée.
Auparavant, les pays qui avaient une inflation plus élevée, pouvaient dévaluer leurs monnaies pour retrouver une compétitivité par les prix. Historiquement, les pays du sud de l'Europe avaient un comportement plus inflationniste que les pays du nord. Avec la constitution de la zone euro, les pays adhérents ont abandonné la possibilité de se réajuster les uns aux autres par le