Peut on etre l'artiste de sa vie ?
Nos sociétés assassinent la production personnelle de symboles de deux façons différentes : - Dans la première, elle est remplacée par la délivrance de messages à peine « voilés » dont le but est d’exciter nos désirs pour une réalisation dévoyée sur un objet consommable. On voit dans ce domaine à l’œuvre plus ou moins grossière des professionnels de la mercatique qui tentent d’instrumentaliser et de rentabiliser l’inconscient au service d’une visée consommatrice. Nous sommes envahis entre autres par les femmes nues pour n’importe quel produit (complétées depuis peu par la référence homo ou SM, nouvelles populations cibles). Il s’agit d’ailleurs parfois de dessins subliminaux cachés dans l’entrelacs des reflets des glaçons d’un verre de whisky. L’objectif de la publicité est l’illustration de ce qu’elle ose dénommer "concepts", préalables censés jouer sur l’appel à pulsions et à désirs (principalement sexuels) afin de les détourner sur l’achat d’une marchandise, serait-ce là un avatar du concept freudien de sublimation ? Les thèmes sont, outre le sexe, le fantasme nostalgique d’une famille parentale unie qui se retrouve autour d’un plat qu’elle déguste avec délice dans une ambiance pastel... On peut ainsi voir que la connaissance de plus en plus sophistiquée des désirs humains a ouvert la voie à la manipulation à fins de vente : une récente publicité pour le café Carte Noire présente un couple qui "avale la fumée" au sens littéral et non obscène du terme. La référence "psychanalytique" est même cyniquement avouée : si Renault parle de "cliothérapie", Volkswagen va encore plus loin en dévoilant froidement les motivations inconscientes sollicitées qui n’étaient jusqu’alors exposées que dans le secret des réunions de brainstorming des publicitaires : "La psychanalyse a ceci de bien qu’elle permet d’éviter les erreurs en matière de choix automobile. C’est en effet entre 6 ans et 8 ans qu’un enfant a le plus besoin de