Origines Arlequin
Arlequin est un des types de personnages les plus populaires de la commedia dell'arte.
L'origine de ce personnage (en italien, Arlecchino) est discutée, mais elle est liée sans doute à celle de l'Hellequin, diablotin malveillant des légendes médiévales françaises, qu'on retrouve aussi sous le nom d'Alichino dans la Divine Comédie de Dante (Enfer, XXI et XXII) et sous celui d'Erlkönig, farfadet des légendes germaniques. En France, il est apparu pour la première fois sur scène incarné par le comédien Alberto Ganassa dans les Compositions rhétoriques de M. Don Arlequin joué devant la cour du roi Charles IX par la troupe des I Gelosi (1572).
Les gravures du Recueil Fossard (1577) nous le montrent déjà dans son costume traditionnel, que tous les Arlequins du XVIIe (Simone da Bologna, Martinelli, Dominique Biancolelli) affineront progressivement, avant ceux du siècle suivant (Visentini, dit Thomassin, ou Bertinazzi, dit Carlin) : porteur d'un masque noir et d'une toque d'où pend une queue de renard, Arlequin est vêtu d'un habit rapiécé fait de losanges de tissus de diverses couleurs, avec une bourse attachée à sa ceinture, ainsi qu'une batte aux multiples usages.
À ses débuts, le personnage, qui sent le soufre et le fagot, est encore très marqué par ses origines « diaboliques » : c'est un valet famélique, superstitieux et poltron, qui revendique haut et fort la satisfaction de ses besoins naturels élémentaires : boire, manger, forniquer et dormir; ses gestes sont secs, ses postures machinales jusque dans ses acrobaties les plus extravagantes (du mécanique plaqué sur du vivant, comme dirait Bergson) ; on ne sait s'il est vraiment stupide, ou s'il le fait exprès pour se protéger.
Ce personnage connut rapidement une fortune immense sur tous les théâtres d'Europe : outre l'Espagne, la Russie, l'Allemagne (où Arlequin prit forme sous le nom de Hans Wurst), et l'Angleterre furent touchées à leur tour : dans ce dernier pays, où un comédien local, Tom