Orgueil et préjugés
Rien n'y fait.
Je ne puis réprimer mes sentiments. Laissez-moi vous dire l'ardeur avec laquelle je vous admire et je vous aime. Mon coeur m'oblige, madame, à vous parler avec la plus grade sincérité, aussi oserais-je à présent vous exposer avec toute la force de ma passion le grand intérêt que je vous porte. Jamais de ma vie il ne m'avait été donné de voir si charmante personne, et vos yeux, hélas, me font me perdre dans l'immensité d'un amour que je n'avais jamais connu jusqu'alors. Je ne puis cesser de songer à vous, et toutes vos apparitions, tant ici qu'ailleurs, ont eu pour effet de me porter à croire que le monde, sans vous, perdrait non seulement son plus beau joyau mais aussi son intelligence la plus fine.
Tout ce qui, en vous, semble n'être que défauts et vanité aux yeux de mes aimables amies, me paraît au contraire faire preuve d'une singulière vivacité et d'un extrême dévouement pour les autres, qualités qui, s'ajoutant à de nombreuses autres, font de vous, à mes yeux, la plus délicieuse jeune femme qui soit, que dis-je, non seulement une femme accomplie, mais aussi celle qui a su briser la glace de mon coeur.
Croyez bien, je vous en conjure, qu'il m'a fallu lutter contre un grand nombre de raisons pour finalement me décider à vous parler en ces termes à ce jour. En effet, bien que les intérêts de ma famille désaprouvent, ce que je ne peux nier, une alliance avec une famille telle que la vôtre, bien encore que mon propre jugement aille, au sujet de votre parenté, à l'encontre de mes sentiments, je ne puis souffrir un instant de plus ce silence de mes sentiments. Allant ainsi à l'encontre de ma fierté et du bon sens même, faisant fi des extravagances de vos parents et des avis contraires à la fois de mes relations et de moi même, j'ai pris la difficile décision de vous confesser mon amour et les scrupules qui m'empêchaient jsuqu'alors de vous l'avouer. Ainsi, je vous prie de croire, madame, à la force de