Nadja, a. breton
« Tu écriras un roman sur moi ». Ce sont les propres mots de Nadja aux quels Breton se refuse pourtant. Nadja, avant d'être quoi que ce soit, n'est pas un roman. En effet, profondément surréaliste, Breton se refuse à la description romanesque, en usant des photographies par lesquelles il impose au lecteur la simple réalité des personnages ou des lieux évoqués sans passer par l'intermédiaire de descriptions qui prétendraient inutilement concurrencer l'évidence du réel. Ce refus chez Breton (ainsi que la forme du texte) nous empêche de qualifier Nadja comme un roman . Cette oeuvre est avant tout une sorte de mémoires mentaux. Le récit commence par cette question fondamentale et insoluble : « Qui suis je ? », et Breton essaie de répondre à partir d'un proverbe : « Dis moi qui tu hantes , je te dirai qui tu es. » Donc son projet était de comprendre en observant la façon dont se déroule sa vie , en quoi consiste sa singularité. Sans plan préétabli et avec subjectivité, Breton « nous plonge d'emblée dans une conception du surréalisme comme mode de vie » et il évoque quelques événements qui ont marqué sa vie comme autant de signaux et dont il a été le « témoin hazard », quelques « accidents de pensée » et « de pétrifiantes coïncidences», jusqu'au moment il rencontre Nadja. Cet événement qui forme la partie centrale de l'ouvrage lui apparaît « comme un fait-précipice, de nature à l'entraîner sur les voies d'une exploration mystérieuse du rêve, de la folie, du langage, dans un Paris en proie au vertige des signes, qu'il parcoure comme un grand cryptogramme. » Mais si Breton est fasciné par Nadja, « l’âme errante », qui lui