Méditation grisâtre de J. LAFORGUE
Question 1
Le sonnet Méditation grisâtre nous présente un individu solitaire confronté à l’ensemble des éléments qui composent la nature, éléments marin, céleste et aérien, et aussi terrestre, dépeints grâce à des expressions le plus souvent redoublées dans le sonnet. Les caractéristiques de ce paysage correspondent bien à l’adjectif «grisâtre» du titre, avec «un ciel pluvieux» et «le grand ciel gris», les «brumes sales» et «le brouillard», «l’Océan blême» et «la mer» dans la «tourmente», la tempête. Le vent ajoute une note dramatique à l’ensemble, avec son «concert hurlant des mourantes rafales», «les haleines brutales», «l’affolement des vents balayant l’air». Face aux éléments grandioses et déchaînés que sont l’Océan, le vent et le ciel, la terre n’apparaît que très fugitivement par le terme d’«îlot», espace fragile, perdu, réduit encore par le diminutif, symbole aussi de la petitesse, de la finitude de l’être solitaire qui s’y trouve assis.
Pour accentuer cette impression, Laforgue utilise trois prépositions de lieu introduisant les trois éléments, «Sous le ciel», «Devant l’Océan», «Dans le concert» : l’individu solitaire semble soumis, écrasé sous le poids et l’opacité du ciel pluvieux et de la brume, contraint à un face à face avec l’infini de l’Océan, enfin enfermé, prisonnier du «concert hurlant des mourantes rafales». Cette impression d’enfermement est d’ailleurs confirmée par la place des expressions définissant le locuteur, au centre du quatrain - second hémistiche du deuxième vers et premier hémistiche du troisième vers -, en somme au centre des éléments, mais aussi enfermé dans sa méditation, dans son spleen.
Enfin cette impression est résumée, après la description, à un endroit traditionnel dans un sonnet, dans les deux premiers vers du premier tercet, servant de transition vers la méditation. Les éléments sont repris dans le même ordre «le grand ciel gris, le brouillard et la mer», et le second