À Paris, sous Louis XIV, en 1666, un salon de riche apparence, au premier étage d’une demeure aristocratique. On y voit peu de meubles, comme c’était l’usage. Entrent vivement de jeunes seigneurs très élégants. L’un est vêtu à la dernière mode, l’autre de couleurs plus austères, avec un rien qui rappelle la mode ancienne. Ce dernier est Alceste. Il va se jeter sur une chaise où il ne restera pas longtemps. L’autre est Philinte ; il demande à Alceste les raisons de son mécontentement. Alceste est furieux parce que Philinte vient de prodiguer des marques d’amitié à un homme qu’il connaît à peine. Philinte lui rappelle les exigences de la politesse. L’opinion d’Alceste est qu’on a le devoir de dire la vérité partout et à tout le monde. Il ne voit qu’hypocrisie dans la politesse, et même dans tous les faits et gestes de l’humanité. Ainsi il a un procès : il aime mieux le perdre que de se conformer à l’usage en allant visiter ses juges. Philinte se moque de lui et lui montre une de ses inconséquences : lui, le passionné de franchise, il aime une coquette médisante, Célimène. Alceste se calme et convient de sa faiblesse.
Scène 2
Un jeune marquis, Oronte, s’adressant à Alceste, se répand en compliments excessifs et en louanges inattendues, et parvient à lui faire entendre un sonnet au goût du jour, dont il est l’auteur, pour lui demander son avis, qui sera, il en est sûr, très élogieux. Alceste s’efforce d’éviter l’épreuve, mais il est obligé d’écouter le sonnet. Philinte multiplie les éloges. Alceste, embarrassé, cherche des faux-fuyants et bientôt développe une critique précise qui blesse gravement Oronte. Ils se querellent. Oronte sort, se considérant comme offensé.
Scène 3
Alceste se trouve ainsi impliqué dans une affaire d’honneur — embarras qui s’ajoute à son procès. Il a retrouvé sa mauvaise humeur à l’égard de Philinte, qui sort pourtant avec lui, ne voulant pas le laisser seul.
Acte II
Scène 1
Une jeune femme élégante apparaît avec Alceste qui la ramène