Misanthrope acte 4 scène 3
Molière.
Introduction :
Nous étudions la scène 3 de l’acte IV tirée de la comédie de Molière Le Misanthrope, écrite en 1666. Le misanthrope est Alceste qui tout en vivant à la cour réprouve l’hypocrisie qui y règne. Il est un farouche partisan de dire la vérité en toutes circonstances. Malheureusement pour lui, il est amoureux de Célimène, une jeune veuve de vingt ans, coquette et mondaine, qui, après lui avoir promis sa foi, continue à encourager ses autres prétendants. C’est ainsi qu’Alceste vient d’avoir connaissance d’un billet doux écrit par Célimène à Oronte, son pire ennemi ! Il vient d’en faire longuement et violemment reproche à la jeune femme.
Nous allons étudier ici un type de scène fréquent au théâtre : le dialogue agonistique en nous demandant quelles sont ses fonctions dramatiques et sa théâtralité.
Nous verrons tout d’abord l’attaque d’Alceste, puis la contre-attaque de Célimène et enfin la capitulation d’Alceste.
I). L’attaque d’Alceste (v.1 à 36).
Alceste muni du billet à l’avantage ; il s’exclame (v.2, 16), accuse (v.13, 14), confond (v.4) bref : il triomphe sans ménagement ni retenue comme à son habitude. Son personnage est complexe ; en effet son ton et ses propos sont violents (v.8) et révèlent des sentiments contradictoires : sa colère (v.10), sa satisfaction de confondre Célimène (v.24) mais aussi sa souffrance d’avoir été trahi.
Célimène est en position de défense ; elle est habile et gagne du temps en feignant l’asurance par des propos vagues qui atténuent la gravité de la situation (v.15). Tout cela lui laisse le temps de parcourir le billet et de poser la question du vers 24, qui achève de mettre Alceste hors de lui ; elle est donc en mauvaise posture.
II). La contre-attaque de Célimène (v.37 à 50).
Célimène renverse brutalement la situation en interrompant Alceste et en prenant la posture de la femme outragée ; elle parle sur le ton de la colère (v.41, 42) et sur un rythme heurté