Migrations africaines
Depuis le début des années 1990, les flux migratoires au départ de l’Afrique subsaharienne et en direction de l’Afrique du nord prennent une ampleur inédite. Alors que les déséquilibres régionaux s’exacerbent et que de fortes turbulences remettent en question les fonctions d’accueil de certains pays africains, de nouvelles configurations se dessinent pour atteindre les “ forteresses “ du Nord. La migration par étapes redevient un scénario fréquent pour des migrants africains qui ont subi de plein fouet les ajustements structurels et la dévaluation du franc CFA assortis d’une détérioration de leur pouvoir d’achat et qui sont confrontés, par ailleurs, à la généralisation du régime des visas dans l’espace Schengen. La distinction habituelle entre pays d’émigration et pays d’immigration s’estompe face à des combinaisons plus complexes. Les Etats maghrébins sont aujourd’hui soumis à de fortes pressions pour lutter contre les migrations irrégulières et ont été conduits notamment à réviser les conditions d’entrées, de séjour et d’emploi des étrangers dans leurs pays. L’Europe entend bien impliquer de plus en plus largement “ les pays de transit “ dans le règlement politique de ces mouvements, leur attribuant la fonction de “ zone tampon “ et leur demandant un double contrôle des frontières avec l’Europe et l’Afrique, procédant ainsi à l’externalisation des procédures d’immigration et d’asile. Face à cette obsession sécuritaire et cette volonté d’imposer de nouvelles frontières au sud de l’Europe, rares sont pourtant les Etats d’Afrique subsaharienne à vouloir remettre en question l’approche unilatérale des politiques migratoires ainsi que le lien établi entre les accords de réadmission des migrants en situation irrégulière et une aide accrue au développement dans le pays de départ (Follana, 2004).
Quelques premiers travaux de recherche avaient permis de pointer cette nouvelle donne migratoire notamment à travers