Les mesures non conventionnelles des banques centrales
La récente crise financière et la conséquente récession économique ont demandé des réponses, soit fiscales, soit monétaires, sans précédentes au niveau mondial. Du point de vue monétaire la réponse des banques centrales a prévu non seulement la baisse des taux directeurs jusqu’à des niveaux jamais expérimentés dans les dernières années, mais aussi des mesures dites « non conventionnelles » se sont rendues nécessaires lorsque le recours aux habituels instruments de politique monétaire s’est révélé insuffisant. Dans cette étude, l’analyse s’arrêtera d’abord sur la définition et la mise en pratique des ces mesures après la crise (I), pour passer ensuite au cas particulier de la Banque Central Européenne (Bce) dans le cadre de la crise de la dette souveraine (II).
I – LES MESURES NON CONVENTIONNELLES : THEORIE ET PRATIQUE
Avant d’analyser leur mise en pratique par la Federal Reserve (Fed) et la Bank of England (BoE) (b), il faut tout d’abord définir les mesures non conventionnelles et les encadrer dans le contexte de la crise financière (a).
A. Définition et raison d’être des mesures non conventionnelles
Normalement, la politique monétaire agit en fixant un objectif (target) pour les taux directeurs dans les marchés interbancaires, objectif qui est piloté généralement à travers des opérations d’open market. Dans des temps anormaux, les instruments habituels de la politique monétaire ne sont plus efficaces, soit parce que le niveau des taux directeurs a déjà atteint le zéro (trappe à liquidité), soit puisque les canaux des transmissions de la politique monétaire ne fonctionnent plus de manière satisfaisante. Dans ce cas les banques centrales ont à leur disposition des instruments non conventionnels pour rétablir des conditions de marché, normales. En général ces instruments peuvent être définis comme des mesures visant à réduire le coût de financement externe des banques, des familles et des