Si la catégorie des « classes moyennes » est aujourd’hui largement utilisée dans le débat public, il semble difficile de la définir précisément. Pour autant, ces deux termes reviennent régulièrement dans les réponses des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête Histoire de Vie (Insee, 2003). À la question « Avez-vous le sentiment d’appartenir à une classe sociale ? », une personne sur deux répond positivement. Quand il est demandé de préciser laquelle (réponse libre), les mots « classe » et « moyenne » sont les plus souvent employés. Après avoir recodé les réponses en quatre modalités (un sentiment d’appartenance à une classe orienté vers le « haut », vers le « milieu » ou vers le « bas » de l’échelle sociale, ou encore un « autre » sentiment), nous avons repéré que les individus classés par la nomenclature des PCS de l’Insee au sein des professions intermédiaires (GSP n°4) sont ceux qui se placent le plus souvent au « milieu » : une fois sur deux lorsqu’ils ont le sentiment d’appartenir à une classe sociale (contre une fois sur quatre pour les ouvriers). Lorsqu’ils remplacent les cadres moyens par les professions intermédiaires lors de la refonte de la grille des CSP, Desrosières et Thévenot justifient ce remodelage par l’essor des « nouvelles couches moyennes salariées », intermédiaires entre les cadres et les salariés d’exécution. Toutefois, ce groupe socioprofessionnel est polarisé. D’un côté, les professeurs des écoles, instituteurs et assimilés, les professions intermédiaires de la santé et du travail social ont un sentiment d’appartenance à une classe sociale plus souvent orienté vers le « haut ». De l’autre, les techniciens, les contremaîtres et les agents de maîtrise se positionnent fortement vers le
« bas