Le transforminsme
C’est incontestablement Lamarck (même si Darwin se contente de le citer dans sa préface historique sans lui reconnaître ce mérite) qui va être le premier à systématiser l’idée d’une transformation des espèces et à en donner un exposé cohérent. Le mécanisme proprement dit de l’évolution des espèces (pour employer un terme commode qui n’est pas celui de Lamarck) comprend deux facteurs. Tout d’abord, une tendance linéaire des êtres vivants à « composer » de plus en plus leur organisation, c’est-à-dire une tendance linéaire des organismes à la complexification et à différencier des organes spécialisés dans des fonctions variées. Et ensuite, la nécessaire variation des circonstances, c’est-à-dire de l’environnement ; variation qui a des causes diverses, les modifications climatiques, géologiques, etc. ; et variation qui fait "éclater" la tendance linéaire à la complexification, et diversifie ainsi les espèces. La tendance des êtres vivants à complexifier leur organisation est souvent oubliée dans les présentations succinctes du transformisme lamarckien (qui en général le résument à l’hérédité des caractères acquis). Or, elle joue un rôle essentiel. Lamarck considère que les êtres vivants les plus simples, les « infusoires », apparaissent par génération spontanée. Ces êtres sont des petites masses gélatineuses avec quelques mouvements de fluides internes, provoqués par la chaleur. La simplicité d’organisation leur permet d’apparaître spontanément. A partir de ces êtres très simples, se forment des êtres un peu plus complexes, bénéficiant de l’organisation des premiers qui leur a été transmise par ce que l’on appelle depuis Weismann l’hérédité des caractères acquis (voir ci-dessous les injustices de la postérité). A partir d’eux s’en forment d’autres encore plus complexes, et ainsi de suite, jusqu’à ce que soient formés des êtres vivants aussi compliqués que les mammifères et l’homme. Et cela sans faire appel à autre chose qu’aux lois de la physique.