Le secret
Pour qu’il y ait secret, il faut qu’on sache que quelque chose existe et qui ne doit pas être su. Le secret est ainsi visible et invisible. Connaître un secret c’est donc respecter sa part d’invisibilité ; sa connaissance ne signifie donc nullement sa dissipation dans la transparence d’une élucidation qui l’éclaircisse en soulevant le voile d’obscurité dont il était recouvert, elle est au contraire, pour Heidegger, « sa plus haute et sa plus sûre sauvegarde ».
« Un secret, dit Heidegger, ce n’est jamais en le dévoilant et en l’analysant que nous le savons, mais uniquement en veillant sur lui-même en tant que secret ».
Confidence / Confidentialité / Révélation :
Il y a deux modes de divulgation du secret à distinguer. Le premier mode est de l’ordre de la confidence : la confidence est une intimité partagée, échangée entre deux personnes qui se sont, à un moment ou à un autre, choisies. Elle suppose une élection mutuelle, une estime réciproque. Si l’on me demande pourquoi je me suis confié à lui, je répondrai : parce que c’était lui, parce que c’était moi. La confidence est une preuve de confiance, dont cette dernière est elle-même la condition. Je ne sais jamais si l’autre gardera le secret, mais je le crois. On ne se dé-voile que devant celui qui est capable de tenir le voile du secret. Ainsi, on peut dire que la force du secret se tient dans cette capacité à rendre invisible le visible : « Les yeux du médecin ne voient rien », dit le serment d’Hippocrate.
La révélation est d’une toute autre nature : elle vise, idéalement, à détruire la séparation entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. Une émission comme Secret Story est plutôt basée finalement sur la révélation, que sur le secret.
Par ailleurs, la confidence n’est pas la confidentialité. Si la confidence signifie l’élection de deux personnes, la confidentialité engage une collectivité. De la confidence à la confidentialité, s’opère le passage d’une