Le livre
C'est un roman très court, constitué de six parties. Rapidement, on se rend compte que chacune d'entre elles constituait à l'origine une nouvelle indépendante, et que Balzac a procédé à des corrrections et améliorations pour faire tenir le tout ensemble. Cela donne un roman hybride, bizarre, mais incontestablement balzacien : comme l'auteur n'a pas eu le temps de peaufiner son travail, ce livre permet de mieux saisir sa personnalité d'auteur.
Julie de Chastillon est éprise d’un bel officier, Victor d’Aiglemont. Le père de la jeune fille, connaît toute la délicatesse d’âme de sa fille et la vulgarité profonde de Victor ; aussi cherche-t-il vainement à s’opposer à cet amour. Quelques mois plus tard, les jeunes gens sont mariés: l’incompatibilité de leurs caractères ajoutée à l’aversion physique qu’elle éprouve maintenant pour son mari tourmente cruellement Julie.
Balzac parle donc du mariage, de la sexualité féminine et des sentiments féminins à leur égard. Cela englobe tant les aspirations amoureuses juvéniles, vite déçues, que la jouissance sexuelle et sa frustration. Balzac parle ainsi de la brutalité sexuelle, proche du viol, que subissent doublement - physiquement et psychologiquement - les jeunes mariées ignorantes des choses de la vie, brutalité qui les dégoûte d'autant plus des plaisirs des sens que l'homme dispose du corps de sa femme comme il l'entend et est lui-même tout à fait ignorant des besoins de sa femme.
Julie d'Aiglemont est ainsi soumise aux pulsions de son mari Victor d'Aiglemont décrit par Balzac comme parfaitement médiocre, et inférieur à sa femme. Adorée par un jeune Lord anglais, Lord Arthur Grenville, qu’elle trouve séduisant, elle ne lui cède pas et provoque involontairement sa mort. Rongée de remords, saura-t-elle retrouver le goût à la vie ?
Il y a de très belles pages dans ce roman, qu'il s'agisse de l'évocation du départ de Napoléon et de son armée pour Austerlitz, de la description de la