Le langage
Pour Hegel, il n’y a pas de pensée sans langage. En effet on ne peut à proprement parler de pensées que lorsque ces pensées ont une forme objective, c’est-à-dire lorsqu’une certaine extériorité manifeste ce qui est purement intérieur. Cette extériorité, c’est le mot. Croire que ce qu’il y a de plus haut c’est ce qui ne peut pas se dire, l’ineffable, est absurde. Quant au fait que le langage menace sans cesse de faire perdre de vue la chose à connaître, ceci ne manifeste rien d’autre qu’une pensée encore imparfaite et aucunement un « vice » inhérent au langage. La vraie pensée est le mot même. Nietzsche, qui de formation n’est pas philosophe mais philologue, affirme la « toute-puissance » du langage. Selon lui, le langage suit originellement la tendance de l’homme à ramener l’inconnu, le différent, au connu, au Même (cette tendance reposant sur des passions dominantes ; notamment la crainte du danger potentiel que représente tout ce qui est nouveau). Le moi ou sujet est ainsi un exemple d’une de ces (pseudo)-entités simples qui masquent une diversité inquiétante (ici, la lutte entre les multiples instincts qui habitent l’homme). Ce qui nous importe ici, c’est que le langage qui se forme en même temps que la psychologie primitive en vient à exercer sa domination sur la pensée, à diriger celle-ci, à l’enfermer dans ses catégories. C’est ce que Nietzsche appelle la métaphysique de la grammaire. C’est pourquoi il peut affirmer : « Je crains que nous ne puissions nous