Le langage permet-il de tout dire ?
INTRODUCTION
Evidence de la limite du langage L'expérience fréquente de notre difficulté à communiquer ce que nous pensons ou ressentons peut nous amener à répondre sans examen plus approfondi par la négative : non, le langage ne permet pas de tout dire. "Les mots me manquent pour dire" une souffrance, un amour, etc. Il ne s'agit pas simplement d'un manque de vocabulaire : le poète même parfois avoue sa limite.
C’est le locuteur qui est limité, pas le langage
Et pourtant, le langage se présente comme un outil suffisamment souple et riche pour se prêter à tous les usages, à tous les besoins de la communication : vie quotidienne, technique, savoir scientifique. Il est l'outil privilégié de la pensée : "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire nous viennent aisément" écrit Boileau. Si nous prenons au sérieux cette phrase, nous ne pouvons y voir une simple pétition de principe, irréaliste face à nos difficultés d'expression. Elle affirme au contraire qu'un discours maladroit traduit non une limite du langage mais la faiblesse de la pensée de celui qui parle.
En quels termes se pose le problème
Le langage permet-il donc de tout dire, c'est-à-dire non seulement nos pensées, comme l’écrit Boileau ? Mais aussi dire ce qui n'est pas pensée, au sens strict du terme : la réalité extérieure, nos sentiments et nos intuitions ? La question n'est pas de savoir si on peut s'exprimer autrement aussi, ni si pour diverses raisons (censure, timidité, etc.) il y a des choses qu'on ne veut pas ou ne peut pas dire. Il s'agit de savoir si le langage, comme aptitude qu'a l'homme de s'exprimer au travers d'une langue, d'un système de signes, lui permet de dire tout ce qu'il veut. Il faut donc examiner ces différents domaines et analyser ce que nous pouvons attendre de cet outil qu'est le langage.
1ère partie : le langage permet de tout dire
A) Parce qu’il y a un mot pour chaque chose