Pourtant, le mot ne déforme-t-il pas la pensée en l’extériorisant ? Ne trahit-il pas la pensée ? La pensée est particulière, unique, singulière, le mot est universel, c’est une idée générale. Il est donc différent de la pensée. Il retire toute individualité à la pensée, il est impersonnel. Le mot n’est que la forme expressive de la pensée, ce n’est pas la pensée elle-même. Le mot conceptualise la pensée, c’est un outil défectueux à l’origine de malentendus, il n’est pas fidèle à la pensée. Nous voici donc confrontés à un problème : le langage, est-ce qui permet à la pensée d’exister ou au contraire la déforme-t-il ? La vrai pensée est-ce la pensée formulée ou l’intuition sensible et particulière ? Le langage est une manifestation de la pensée de l’homme. Ses outils sont les mots. Le mot, est l’union d’un signifiant et d’un signifié (Ferdinand de Saussure). Le signifiant, c’est la forme graphique, sonore du mot, le signifié renvoie à la définition du mot, son sens. Le langage est culturel, il est proprement humain, parce qu’il fait appel à nos trois facultés, que les animaux n’ont pas. Il stimule notre raison, puisqu’il donne à penser, il fait appel à notre sensibilité puisque la sonorité et le graphisme du mot éveil nos sens, enfin il stimule l’imagination est, par définition, la faculté de se représenter des images. Le langage humain se distingue donc de la communication animale, il transcende l’utilité. Il est possible de parler pour rien dire d’utile. Le langage permet de passer d’une réalité sensible (un sentiment, une sensation) à une réalité intelligible. Il s’agit de se détacher de sa sensibilité par l’exercice de sa raison. Qu’est ce que cela signifie ? On ne peut que s’appuyer sur le mot pour penser des idées générales (Rousseau). En effet on ne peut voir, sentir un concept, certains mots ne correspondent pas à des images (par exemple la liberté, qui n’as pas d’image). Le mot nous permet bien de formuler une pensée. C’est ce qu’affirme Hegel,