Le dormeur du val - arthur rimbaud
Génie précoce, Arthur Rimbaud a rapidement manifesté une violente révolte contre l'ordre social, le conformisme et la religion du XIXème siècle. Sa deuxième fugue, en Belgique, lorsqu’il a 16 ans, exprime une période de recherche qui est retracée dans le recueil poèmes élaboré en 1870, en pleine guerre franco-prussienne. C’est une année terrible pour les Français puisque cette année marque la fin de l’Empire de Napoléon III. « Le dormeur du Val », tiré de ce recueil est présentée sous forme d’un sonnet : c’est une forme classique de la Renaissance avec la chute respectée au dernier tercet.
I Le paysage et le personnage du tableau
1) Le paysage
a) Un tableau (organisation de la description) : nombreuses notations visuelles décrivant avec précision le lieu. Comme dans un tableau, il y a un arrière-plan mis en place dans le premier quatrain (un « petit val » -reprise du titre-, décrit aussi comme un « trou de verdure », c’est à dire une vallée étroite qui donne l’impression d’un endroit abrité, une montagne, dans la direction de laquelle on peut voir le soleil – « de la montagne fière » est un complément circonstanciel de lieu, de même pour « une rivière » ) ; un premier plan avec le dormeur, et les éléments surtout végétaux qui sont à échelle humaine : herbes, cresson, glaïeuls.
b) Le jeu des couleurs : nombreuses notations de couleurs où domine le vert (« herbes » -2 fois-, « trou de verdure », « son lit vert ») ; les autres couleurs présentes sont des nuances de blanc renvoyant à l’idée de lumière.
c) Les jeux de lumière : le soleil cité deux fois (v.3, 13) ; idée reprise par le verbe « luit » (v.4) ; la métaphore « haillons d’argent » décrit les projections d’embruns sur les herbes proches de la rivière, gouttes d’eau où s’accroche la lumière du soleil = lambeaux de lumière (les haillons sont des vêtements déchirés) ; autre métaphore : « mousse de rayons » : la lumière est si compacte, qu’elle semble liquide ;