Le cid
Alors que Corneille distingue les sujets propres à la tragédie et à la comédie, il affirme dans son Discours de l'utilité et des parties du poème dramatique (1660) : « La dignité de la tragédie demande quelque grand intérêt d'État, ou quelque passion plus noble et plus mâle que l'amour, telles que sont l'ambition, ou la vengeance, et veut donner à craindre des malheurs plus grands, que la perte d'une maîtresse. Il est à propos d'y mêler l'amour, parce qu'il a toujours beaucoup d'agrément, et peut servir de fondement à ces intérêts, à ces autres passions dont je parle ~ mais il faut qu'il se contente du second rang dans le poème, et leur laisse le premier ».
Dans cette hiérarchisation des passions, Corneille évoque ainsi la nécessité d'un péril qui dépasse les intérêts personnels pour s'étendre au champ du politique et de l'État.
La primordialité des intérêts d'Etat va être analysée dans le Cid de Corneille, et Antigone de Rotrou. Cependant, cette primordialité est remise en question car l'amour est une passion « fondement » des autres passions. Enfin, la tragédie, et surtout les passions qui lui sont rattachées, sont avant tout dépendantes d'un public.
Extrait du document:
L'esthétique galante, ne se réduit pas à un ensemble de formes données à l'art de séduire et au discours amoureux. Elle est aussi « se~ », « art des bonnes manières » et art d'écrire, c'est-à-dire à la fois éthique et esthétique, courant social et littéraire. Ses valeurs-clés sont le naturel ou la naïveté, la délicatesse, l'enjouement, la variété. C'est une esthétique fondée sur l'art de plaire et sur une sociabilité qui privilégie la présentation de soi, l'ethos, à des fins de distinction et d'intégration mondaine, voire de quête de prestige et de confirmation de son appartenance aux groupes valorisés. Or, l'esthétique galante supposait l'influence positive des dames sur la formation du goût et sur le façonnement des conduites. Les deux œuvres que nous analysons, depuis le