La vie a-t-elle un sens ?
LA VIE A-T-ELLE UN SENS ?
I) INTRODUCTION :
Si la vie n’a pas de sens, à quoi bon vivre c’est-à-dire faire les efforts parfois extrêmes qu’elle nécessite ? À quoi bon aussi la donner ? Comment même expliquer que des criminels la prennent, puisque le mal qui est la négation du sens ne saurait s’attaquer à ce qui n’en a pas ? Or nous vivons, nous faisons des efforts et le mal existe. Chacun pense donc que la vie « vaut la peine » d’être vécue, comme si elle se trouvait depuis toujours estimée par cette équivalence qui marquerait sa justification, interdisant qu’on la réduise à la contingence d’exister. Cela ne va pas toujours de soi : la possibilité reste ouverte qu’un jour, les conditions étant alors ce qu’elles seront (maladie atrocement invalidante, diminution drastique des facultés intellectuelles, perte d’êtres chers, déshonneur…), il nous apparaisse que « vivre, ce n’est pas cela ». Ce jour-là nous saurons sans erreur possible que nous aurions tort de poursuivre parce que la vie n’aura plus de sens. Et personne ne veut d’une vie qui n’ait pas de sens.
Nous ne possédons aucun savoir sur le « sens de la vie » ; en posséderions-nous un – doctrine métaphysique, révélation religieuse – qu’il serait forcément lettre morte, puisqu’on pourrait aussi bien s’y soumettre ou s’en indigner qu’y rester indifférent : son sens viendrait de notre attitude dès lors forcément arbitraire. Cependant nous ne sommes pas sans savoir que, dans les conditions qui nous sont actuellement faites, si absurde qu’elle puisse apparaître aux yeux des autres et parfois de nous-mêmes, la vie que nous menons a encore un sens… Autrement dit nous vivons comme si nous étions les détenteurs d’un savoir sur la vie qui nous la fait reconnaître comme encore valable, mais un savoir seulement susceptible d’être appréhendé de manière négative, à travers l’impossibilité d’aller au-delà d’une certaine limite, de payer pour la garder plus qu’un certain prix. Car pour chacun, et sans