La tirade d'Etéocle dans les Phéniciennes d'Euripide
La tirade d'Etéocle prend place dans la deuxième partie du premier épisode des Phéniciennes. Un débat s'élève entre lui et Polynice, réunis pour une trêve autour de leur mère Jocaste. La discussion prend l'apparence d'un jugement ; l'accusation (Polynice) prend la parole avant la défense (Etéocle). Polynice a déjà parlé : il a montré par la force de l'évidence la justice de sa cause, et demande à Etéocle de lui rendre le trône de Thèbes, comme promis. Au tour d'Etéocle de prendre la parole. Celui-ci cherche à mettre en avant la justesse de ses actions, à justifier ses choix, comme son frère, mais il veut également rejeter la faute sur Polynice et tente pour cela d'attaquer en premier lieu sa définition de la justice. D'une certaine manière, ce texte se place sous l'angle de la sincérité, qu'Etéocle croit pouvoir être au service de sa cause, mais ce qu'il cherche à démontrer est injustifiable : il a menti et expulsé son propre frère pour garder le pouvoir à lui seul. Son honnêteté apparaît alors comme hypocrisie, et tous ses efforts pour se montrer sous un meilleur jour ne font que renforcer l'image de l'homme aveuglé dans la démesure qu'il donne à voir au spectateur.
εἰ πᾶσι ταὐτὸν καλὸν ἔφυ σοφόν θ’ ἅμα, οὐκ ἦν ἂν ἀμφίλεκτος ἀνθρώποις ἔρις· νῦν δ’ οὔθ’ ὅμοιον οὐδὲν οὔτ’ ἴσον βροτοῖς πλὴν ὀνόμασιν· τὸ δ’ ἔργον οὐκ ἔστιν τόδε. ἐγὼ γὰρ οὐδέν, μῆτερ, ἀποκρύψας ἐρῶ· ἄστρων ἂν ἔλθοιμ’ †ἡλίου† πρὸς ἀντολὰς καὶ γῆς ἔνερθε, δυνατὸς ὢν δρᾶσαι τάδε, τὴν θεῶν μεγίστην ὥστ’ ἔχειν Τυραννίδα. τοῦτ’ οὖν τὸ χρηστόν, μῆτερ, οὐχὶ βούλομαι ἄλλωι παρεῖναι μᾶλλον ἢ σώιζειν ἐμοί· ἀνανδρία γάρ, τὸ πλέον ὅστις ἀπολέσας τοὔλασσον ἔλαβε. πρὸς δὲ τοῖσδ’ αἰσχύνομαι ἐλθόντα σὺν ὅπλοις τόνδε καὶ πορθοῦντα γῆν τυχεῖν ἃ χρήιζει· ταῖς γὰρ ἂν Θήβαις τόδε γένοιτ’ ὄνειδος, εἰ Μυκηναίου δορὸς φόβωι παρείην σκῆπτρα τἀμὰ τῶιδ’ ἔχειν. χρῆν δ’ αὐτὸν οὐχ ὅπλοισι τὰς διαλλαγάς, μῆτερ, ποιεῖσθαι· πᾶν