La socialisation
Tous les comportements de l’enfant sont, dès son plus jeune age, « lus » et interprétés différemment selon son sexe, par les adultes […]. Par exemple, les pleurs d’un nourrisson sont interprétés en termes de colère si le bébé est présenté comme un garçon, en termes de peur s’il est présenté comme une fille ; ou encore, devant des bébés comparables, on emploiera plus souvent le qualificatif de « grand » si le bébé est un garçon, de « mignonne » s’il s’agit d’une fille. Sans s’en rendre compte, les mères se comportent différemment, notamment dans les jouets qu’elles proposent, mais aussi dans leurs interactions verbales : on parle plus, on reprend plus les bruits émis par l’enfant, quand il s’agit d’une fille. Il semble donc que l’on stimule leur comportement social davantage que chez les garçons. Par contre, ces derniers sont plus stimulés sur le plan moteur : on les manipule avec plus de vigueur, on les aide à s’asseoir, à marcher, plus que quand il s’agit d’une fille […]. Les stéréotypes liés au sexe masculin ou féminin, « ce qui se fait », quand on est un homme ou une femme vont donc être partagés par les enfants dès leur plus jeune âge. Quand on demande, par exemple, à des enfants de
3-4 ans de choisir, sur des photos ou parmi des objets réels, des jouets (ou des activités) propres à leur sexe, ils expriment dès cet age des préférences conformes à leur sexe. Marie Duru-Bellat, l’école des filles, L’Harmattan,