Nicolas Poussin a dépeint un tableau composé de nombreux personnages en prenant initialement un moment légendaire de la Bible, qui est la pérégrination des juifs avec Moise et Aaron dans le désert. Après avoir quitté leur terre abondante « nous étions assis près des marmites pleines de viandes, et que nous mangions du pain tant que nous voulions »1, et épuisé leurs réserves alimentaires, les Israélites souffraient de la faim au cours de leurs pérégrinations dans le désert. Affamés et fatigués, ils ont commencé à perdre la foi en Dieu et à remettre en question la justesse de la décision de Moise de quitter leur terre natale et errer à la recherche de la terre qui leur a été promise. Le tableau reflète le moment de la pluie divine où la manne tombe du ciel sauvant « les enfants d’Israël » de la famine. Quel est le véritable message de l’auteur ? Au premier abord, de nombreux personnages suscitent la confusion : le regard se promène sur cette immense toile de deux mètres à la recherche de l’essentiel. Pourquoi cette œuvre est-elle composée d’une telle variété de personnages ?
Après un premier coup d’œil sur l’ensemble du tableau, deux femmes à la première rangée attirent l’attention du spectateur. Celle, qui est à gauche, allaite sa mère en s’excusant auprès du son fils. Assis à leur droite, un homme malade et souffrant, assiste à la scène avec l’approbation. Alors que le geste de cette jeune femme est un signe clair de la miséricorde, on se sent légèrement gêné et mal à l’aise. La mère de la jeune femme ne semble pas être ni affamée, ni mourante. Pourquoi le peintre a- t-il exposé ce moment intime, qui est un acte privilégié entre une mère et son enfant ? En observant des gens autour de cette famille, on aperçoit des personnes accablées et épuisés par cette interminable traversée du désert. C’est ainsi qu’on peut suggérer que l’artiste voulait amplifier l’effet de la pluie divine et souligner sa nécessité pour le peuple juif qui était déjà au bord du