Analyse d'oeuvres Schema
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain
Qui meurt pour oui ou pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur
Pensez- y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant :
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable
Que vos enfants se détournent de vous.
1. Introduction
Il s’agit du poème au début du livre homonyme, un récit autobiographique sur la détention au camp d’Auschwitz.
Primo Lévi est né à Turin en 1919 et mort dans la même ville en 1987. Chimiste de formation, il s’engage dans la Résistance. Fait prisonnier à ce titre avec plusieurs compagnons du même groupe, il est déporté à Auschwitz. Il est juif.
Son destin semble tout tracé. Il n’a survécu que grâce à la débâcle allemande face à l’arrivée de l’armée rouge. Ce sont les Russes qui libèrent le camp. Primo
Lévi écrira ce récit en 1947.
2. Analyse du poème
I. Une prière
1. Le titre du poème.
Le titre du poème s’intitule « Schemà » ce qui signifie « écoute » en hébreux, mais c’est aussi le nom de la prière fondamentale des juifs. Cela fait référence lorsque Moïse énonce les 10 commandements et ordonne de ne jamais les oublier.
2. Une construction qui rappelle une prière.
Ce poème présente un mètre irrégulier mais de vers long ce qui donne l’impression d’une continuité entre les vers. De plus, on retrouve le caractère répétitif de la prière avec l’emploi de nombreuses anaphores.
II. Un poème sur la déportation.
1. Un