La linguistique
D’un iconème s’échafaude à partir de deux axes : l’axe de la famille (le paradigme) et l’axe de la phrase (le syntagme).
Le paradigme, c’est la classe sémantique — ce qui a trait au sens — à laquelle on rattache un signe donné, une classe d’éléments qui peuvent se substituer les uns aux autres dans un contexte donné.
Le syntagme, c’est la coexistence actuelle des signes dans un message. C’est le contexte particulier d’une communication donnée.
Les axes syntagmatiques et paradigmatiques sont donc mouvants et se renouvellent dans chaque cas, dans chaque image, en fonction des éléments en présence. C’est ainsi que la signification que l’on donne à un signe se fait en deux temps :
1. On établit le paradigme auquel se rattache le signe.
2. On déduit le sens du signe compte tenu du syntagme dans lequel il s’inscrit.
Voici trois syntagmes linguistiques :
François aime les pommes.
Isabelle préfère les oranges.
Charles déteste les poires.
Voici trois autres syntagmes linguistiques :
Une pomme est ronde.
Une boule de billard roule rondement.
Le soleil est une boule de feu.
Dans la première série, tous les sujets font partie d’un même paradigme, celui des prénoms de personnes. Les compléments sont tous associables au paradigme des fruits. Dans la seconde série, les sujets font partie du paradigme des objets sphériques. Le sens du mot «pomme» s’est trouvé modifié selon nos deux axes :
1. Le syntagme ou contexte actuel dans lequel il se trouve [Jean-Paul aime les pommes. Une pomme est ronde];
2. Le paradigme auquel il est associé [fruit dans la première série, sphère dans la seconde].
Prenons l’iconème «pomme». Considérons l’axe paradigmatique comme une sorte de mille-feuilles sémantique. Chaque feuille correspond à une qualité de la pomme. C’est un objet-fruit, un objet rouge, un objet rond, un objet périssable, etc. L’ensemble de ces feuilles constitue tout le potentiel de signification que peut prendre la pomme.