La ligitimité du souvrain
Hobbes invente la théorie de l’obligation. Le souverain est une “personne”, fictive, et comme le masque romain de théâtre, le souverain parle au nom de l’ “auteur”, c’est-à-dire au nom de ceux auxquels il garantit l’ordre. L’État est la représentation fidèle de la volonté des individus, telle qu’elle se dégage du contrat qu’ils passent entre eux(21). Les hommes doivent s’engager les uns vis-à-vis des autres au profit d’un tiers. Le souverain doit être au-dessus des lois. Hobbes élabore un contrat de soumission —monarchiste—, par lequel l’aliénation intégrale du droit des sujets les soumet à un pouvoir du souverain illimité. L’unité du souverain fait l’unité du peuple. Et “il n’y a pas sur la terre de pouvoir auquel on peut le comparer” (22). À l'opposé, Rousseau, élaborera un contrat de type démocratique : tous donnant à tous, c’est le peuple qui est souverain (23).
Le souverain n’est ni l’expression du droit divin, ni le cadre naturel de la vie communautaire, mais le produit des individus qui ont voulu se donner un représentant. Kant s’inspirera de la doctrine de Hobbes pour dire que le peuple n’est constitué comme tel, i.e. comme instance de décision unifiée, “volonté universellement législatrice”, que par l’institution du souverain. Ce sont ces individus qui, par leur vote désignant le souverain, l’autorisent dans toutes ses actions et ses jugements comme si ces actions ou ces jugements étaient ceux des individus qui l’ont désigné. Dès lors la forme de gouvernement est inattaquable. Les “sujets” n’y peuvent plus rien changer. Il sont comme prisonniers d’une geôle qu’ils ont édifiée, en vue, rappelons-le, d’assurer leur sécurité. Car le rôle du souverain se maintient dans la recherche de la paix et du consentement entre tous.
L’État doit permettre aux citoyens d’agir dans la tranquillité. Chacun reconnaît la nécessité pour l’État de constituer la puissance commune capable de faire face à l’insécurité qui résulte immanquablement du