La liberté
La liberté figure parmi les plus importantes notions de la philosophie, au premier rang et aux côtés de la vérité. Un postulat de la philosophie, un fondement de ses aspirations, est que vérité et liberté sont indissociables : autrement dit, la vérité ne se révèle qu'aux esprits qui conquièrent leur liberté, et, réciproquement, la liberté ne prend son essor qu'en posant un regard lucide sur le monde. En un sens, la liberté s'identifie à l'essence de tout être qui vit selon ses propres principes, mais en un sens elle se rebelle aussi contre toute identification à une essence. Cette notion échappe donc aux contours d'une définition, parce qu'elle est à la fois le nom d'un principe et l'indication d'une tâche.
2. Quelques distinctions nécessaires
On ne laisse pas en liberté de la même façon les poules de la basse-cour, un petit enfant qui ne voit pas les dangers des bords de mer, un délinquant dont un juge d'application des peines étudie le dossier de détention, une carmélite qui ne reçoit des visites que de loin en loin, etc. Dans ces différents cas, on suppose que tous ces êtres sont capables de spontanéité, mais qu'il est nécessaire d'imposer des limites à l'expression de cette spontanéité. La liberté pure et simple peut être dangereuse ou nuisible. Le dernier exemple montrerait aussi qu'on peut choisir librement de se limiter.
La liberté, en un sens absolu, n'est pas équivalente aux libertés. C'est la politique concrète qui détermine les libertés : les hommes entrent dans des rapports de pouvoir, ils reconnaissent des institutions et des autorités, ils se soumettent à des processus administratifs et techniques, etc. Ce sont les juristes qui donnent la définition formelle des libertés publiques : les droits fondamentaux, les règles de distribution des fonctions, du fonctionnement de la justice et de la police, etc. N'allons pas croire que les lois s'imposent avec évidence : elles sont le fruit de compromis difficiles entre les mœurs, la