La fair value au coeur de la crise financière
Moins médiatisée que le débat sur les comportements déraisonnables des traders, la question des normes comptables et plus particulièrement de la norme IAS 39 est au cœur des discussions des spécialistes sur la crise financière.
La “Fair value” au cœur de la crise financière a “fair value” ou “juste valeur” a en effet obligé les banques et les organismes financiers à comptabiliser, immédiatement, dans leurs comptes trimestriels, leurs actifs “pourris” non plus à leur valeur historique, mais à leur valeur réelle, c’est-à-dire rien ou presque. D’où les énormes pertes annoncées. Cette imputation instantanée des pertes est-elle une bonne chose ou a-t-elle eu au contraire un effet “procyclique” aggravateur de la crise ? « Lorsque les marchés dévissent, le mécanisme montre ses limites : il contraint les banques à traduire immédiatement dans leurs comptes la baisse des actifs qu’elles possèdent au lieu de leur laisser la possibilité d’étaler le choc dans le temps. Au risque d’exposer leurs bilans et leurs résultats à une très forte volatilité et, au final, d’aggraver la crise. Le problème est d’autant plus grave que les banques américaines, qui utilisent d’autres normes comptables dites US GAAP ont, elles, davantage de flexibilité », explique Alexandre Counis dans Les Echos du 13 octobre. « Si nous avions encore les normes comptables de 2005, la propagation de la crise eût été évitée ! », lance Alain Madelin dans une interview à Valeurs Actuelles le 9 octobre. Ernest Antoine Seillère confirme : « La logique de “fair value” (“juste valeur”) qui oblige à l’estimation des actifs accélère les comportements déraisonnables », affirme-t-il. Ce que Jean-Luc Decornoy, président du directoire de
L
KPMG SA, approuve, quoique de manière plus nuancée : « le principal inconvénient de la norme IFRS est d’être un baromètre purement financier qui privilégie une vision à court terme de l’entreprise. Ajoutez à cela le comportement moutonnier de certains