La crise grecque
Enfin on y est. La Grèce a crié à l'aide. La Commission européenne a répondu présent. Le Fonds monétaire international (FMI) a promis d'agir "rapidement". Des fonds seront débloqués, c'est une question de "quelques jours" a assuré le grand argentier grec Georges Papaconstantinou. Il suffit de regarder les taux grecs : vendredi 23 avril, Athènes se voyait toujours réclamer un rendement de 8,6 % pour ses emprunts d'Etats à 10 ans, soit plus de 5 points de pourcentage de plus que l'Allemagne. Le taux flirte même avec les 10 % pour ses obligations à deux ans."On entend dire que les prêts de 45 milliards d'euros promis à la Grèce couvrent le risque pour cette année, mais ne règlent pas le problème à plus long terme", explique Jean-Louis Mourier, analyste chez Aurel BGC
L'hypothèse a été évoquée jeudi 23 avril par la banque Goldman Sachs. "Un paquet d'aides combiné avec une renégociation volontaire de la dette fournirait au gouvernement de l'oxygène pendant bien plus longtemps pour entreprendre les réformes nécessaires", a estimé dans une note Erik Nielsen, chef économiste Europe de Goldman. Et de conclure : "C'est probablement le meilleur scénario."Ces contrats destinés à protéger un émetteur contre le défaut d'un Etat, la Grèce apparaît désormais comme l'un des pays les plus risqués au monde. Devant l'Ukraine, la Roumanie, Dubaï ou l'Islande...
Selon Jean-François Robin, stratège chez Natixis, "les marchés parient sur un défaut de paiement de la Grèce, un peu à la façon de l'Argentine en 2001". Athènes a exclu cette option. Mais pour faire taire la rumeur, "il faut de bonnes nouvelles alors que cette semaine nous a plutôt servi un cocktail qui fait mal à la tête", décrit M. Robin. Dans l'ordre : une révision à la hausse du déficit grec en 2009 (de 12,7 % à 13,6 %) par Eurostat, une révision à la baisse de la note de la dette souveraine grecque (de "A2" à "A3") par l'agence Moody's, et dans les deux cas la probabilité annoncée d'une nouvelle dégradation.