La crise financière
DOSSIER | | | | | | La crise financière - N° 59 - 1er trimestre 2008 | | | | | | | |
Premiers enseignements d’une crise financière inachevéeChristian de Boissieu *Président du Conseil d’analyse économique, Christian de Boissieu nous donne son point de vue sur la crise financière actuelle. Un premier bilan sur une crise qui s’apparente à d’autres crises dans la mesure où elle trouve son origine dans la baisse des prix immobiliers américains, mais qui trouve son originalité dans les mécanismes jusqu’alors ignorés de titrisation systématique des crédits et dans le procès injuste fait aux innovations financières.La crise des « subprimes » est classique dans son point de départ : la chute des prix des logements aux Etats-Unis et ses conséquences pour les ménages les plus fragiles, et, par ricochet, pour certains prêteurs (banques, autres intermédiaires financiers…). Dans la mesure où le recul des prix du logement aux Etats-Unis est loin d’être achevé, il y a une force encore en vigueur pour alimenter la crise des subprimes dans les prochains mois. A quoi il faut ajouter, pour expliquer le caractère inachevé de la crise, le délai inévitable entre une évolution économique et financière et sa traduction comptable. Pour des raisons évoquées plus loin, les banques et leurs commissaires aux comptes sont exposés à de redoutables problèmes de valorisation de certains instruments financiers, et la révision des estimations des pertes (ou des moins-values sur actifs) enregistrées par telle ou telle grande banque internationale au cours du 3e trimestre 2007 – sans préjuger de la suite – illustre le processus de tâtonnement comptable et financier auquel sont confrontés en ce moment nombre d’établissements financiers. Mais cette crise est nouvelle à l’arrivée, puisque des financements hypothécaires classiques ont été transformés et d’une certaine façon démultipliés (rôle des effets de levier) par adossement à des procédures de titrisation, par