Keynes
Rétablir la confiance dans le système financier
La revanche douce-amère de John Maynard Keynes
Par Karim Emile Bitar
Cyrano de Bergerac 1999 Président de KB Consulting Group Chercheur associé à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS)
La crise économique qui a éclaté en 2008 a montré les limites des logiques monétaristes et des politiques de dérégulation qui prédominaient depuis la fin des années 1970. L’on a assisté à un retour en grâce des idées keynésiennes et les États, parfois contraints et forcés, ont recommencé à jouer un rôle de premier plan. Le paradoxe vient toutefois du fait que ce sont surtout les États-Unis et la Chine qui ont lancé d’ambitieux plans de relance pour soutenir la demande intérieure. L’Europe de Keynes semble au contraire avoir choisi des politiques de rigueur. Si elle peut apparaître nécessaire compte tenu de l’ampleur des déficits, l’austérité risque néanmoins d’accentuer certains effets de la crise.
écédé en septembre 2009, Irving Kristol, journaliste très influent qui fut trotskyste avant de devenir le parrain intellectuel du néoconservatisme, avait été l’un des premiers à sonner le glas des « trente keynésiennes ». Dans un article publié le 9 mai 1977 dans le Wall Street Journal, et intitulé « Toward a ‘New’ Economics ? », il soulignait qu’une nouvelle approche de l’économie était en train d’émerger, fondée sur la critique du keynésianisme par l’école monétariste, critique ensuite poursuivie de façon hétérodoxe par des économistes comme Robert Mundell et Arthur Laffer. Cette école, écrivait Kristol, « est encore embryonnaire et le monde ne l’a pas encore vraiment remarquée. » Ce qui n’empêchait pas Kristol, prescient, de poursuivre : « Il est difficile de surestimer l’importance du fait que, pour la première fois en un demi-siècle, c’est la philosophie économique des conservateurs qui montre des signes de vigueur intellectuelle, tandis que la philosophie économique des libéraux1 continue de