Kant, Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, proposition 2

La phrase-clé du texte est la première : « Chez l’Homme (en tant qu’il est la seule créature raisonnable sur terre), les dispositions naturelles qui se rapportent à l’usage de sa raison ne devaient se développer complètement que dans l’espèce, mais non dans l’individu. » La thèse reviendrait à dire que le développement complet et absolu de la raison chez l’Homme ne peut être atteint que dans l’espèce humaine, et non dans l’individu. En effet, la raison, qui est donnée à la créature humaine, a besoin d’essais, d’exercices et d’enseignements pour progresser peu à peu d’un degré d’intelligence à l’autre. Ces différentes expériences s’effectuent sur plusieurs générations, puisque la nature a assigné une durée trop courte à la vie de l’individu. Par conséquent, l’accès au degré de développement pleinement conforme au dessein de l’Homme ne peut être atteint que dans l’espèce. Il faut donc se servir du savoir des générations antérieures et transmettre son propre savoir aux générations postérieures pour espérer un jour accéder au développement complet des dispositions naturelles qui se rapportent à l’usage de la raison. La thèse adverse reviendrait à dire que l’individu est capable d’atteindre cet état parfait de raisonnement. Les dispositions naturelles d’un seul Homme se suffiraient alors à elles-mêmes pour atteindre leur développement complet. L’individu n’aurait donc pas besoin des générations antérieures et il n’aurait aucun intérêt à transmettre son