Julien gracq, en lisant en écrivant
« Quand on n'a plus assez de musique en soi pour faire danser la vie... » (Céline)
« Tout grand paysage est un invitation à le posséder par la marche, le genre d'enthousiasme qu'il communique est une ivresse de parcours. »
« Pour moi le déclenchement brusque d'une idée – ou plutôt d'un sentiment – sur la perspective d'un livre a été chaque fois un événement aussi improbable, aussi imprévisible que le coup foudre amoureux. »
Stendhal – Balzac – Flaubert – Zola
« La lecture d'un roman (s'il en vaut la peine) n'est pas réanimation ou sublimation d'une expérience déjà plus ou moins vécue par le lecteur: elle est expérience, directe et inédite, au titre qu'une rencontre, un voyage, une maladie ou un amour – mais à leur différence, une expérience non utilisable. »
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« Une suppression romanesque où les pages se bousculent l'une l'autre, où le contenu tourbillonne comme l'eau d'un réservoir qui se vide par le fond, comme si le monde à tout coup tentait de s'évacuer littérairement tout entier par un conduit trop étroit, congestionne d'un bout à l'autre la Comédie humaine, confère aux ouvrages de Balzac la densité étouffante d'un monde agité qui touche, on dirait, à sa tension interne limite. »
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« Il ne suffit pas qu'un roman soit porté par la chaleur d'une émotion sincère ; il faut que cette émotion sache ranimer les images élues, emmagasinées et sommeillantes, toute cette iconographie intime, secrète qui représente – elle seule et non les documents, les « petits faits vrais », collectionnés à l'extérieur – les réelles archives dont un romancier étoffe ses livres. Le mauvais romancier – je veux dire le romancier habile et indifférent – est celui qui essaie de faire vivre, d'animer de l'extérieur, et en somme loyalement, la couleur locale qui lui paraît propre à un sujet, lequel il a jugé ingénieux ou pittoresque – le vrai est celui qui triche, qui demande au sujet avant tout, et par des voix obliques et