Jean dausset
La crainte de la différence, allant parfois jusqu’à son refus, est un réflexe largement répandu. Les enfants ont peur de se distinguer des autres.Les adolescents sont les premiers à suivre les modes. Mais, bien plus grave, les adultes se méfient presque instinctivement de tous ceux qui n’appartiennent pas à leur collectivité, entraînant rivalités de palier, discussions entre administrations, discordes entre nations, haines religieuses ou raciales.
Et pourtant ce réflexe est à la fois un non-sens biologique et une erreur fondamentale sur le plan culturel.
Sur le plan biologique, trois notions en aideront la compréhension :
• D’abord, chaque être vivant est différent ; il est même unique, tant il y a de variations possibles dans sa composition chimique.C’est le produit du mélange des caractères paternels et maternels, ceux-ci provenant eux-mêmes d’un mélange des caractères des quatre grands-parents.De plus, ces caractères (ou gènes) présentent dans les populations de multiples variantes. Pour l’homme, le nombre des combinaisons possibles dépasse, a-t-on dit, le nombre des atomes contenus dans tout l’univers connu. A chaque génération apparaissent donc, fruits de la loterie génétique, des êtres nouveaux, uniques car formés d’une combinaison entièrement nouvelle des caractères génétiques.La nature a bien pris soin d’assurer que ce mélange se reproduise à intervalles réguliers : le sexe et la mort le répètent à chaque génération.
• Ensuite, selon le processus darwinien de la sélection naturelle, les individus ayant reçu par hasard, les combinaisons les rendant les plus aptes à vivre dans un certain milieu, survivent et ont plus de descendants, alors que les moins aptes en ont moins. Ainsi, grâce à la diversité des individus qui la compose, une espèce pourra-t-elle s’adapter à d’éventuels changements d’environnement, de climat ou à l’apparition de nouveaux parasites ou agents pathogènes .La différence entre individus est donc une