Ionesco acte ii
A. Le dérèglement de la conversation
1. Une situation conventionnelleBérenger se rend chez Jean pour se réconcilier avec lui : ils viennent de se disputer au sujet des rhinocéros d’Asie et d’Afrique. On attend donc une scène de réconciliation et de pardon réciproque...
2. Le détournementOn note dès le début une discordance entre le ton mondain (" je vous en prie ", " mon cher Jean ") de Bérenger, ses appels répétés à la réflexion (" penser ", " comprendre ", " savoir ", " réfléchir ") et la véhémence de Jean, qui impose ses idées avec autoritarisme.
3. Un rapport de forcesLe noyau de la scène est donc cette lutte entre deux langages, celui de Jean tentant d’écraser celui de Bérenger, le seul personnage encore confiant dans les forces persuasives de la parole. Dès le début, Jean semble le plus fort car c’est lui qui occupe l’espace alors que Bérenger est assis dans un fauteuil et parle sans bouger. Au théâtre, celui qui occupe l’espace a le pouvoir. B. L’affrontement verbal
1. Les signes de tensionIls sont très vite présents : ponctuation forte, raccourcissement des répliques, interruptions répétées et succession d’impératifs.
2. L’enchaînement des répliquesDe plus en plus courtes, elles se succèdent rapidement et cet enchaînement a un sens. Notons que les mots repris d’une réplique à l’autre changent de signification (lignes 29-32 : la morale, lignes 36-37 : la nature) ou que les personnages " rebondissent " sur des antonymes : l’invitation à " bâtir " (lignes 50-51) de Bérenger est effacée par l’appel à la démolition (ligne 52) de Jean. Au fur et à mesure, les protagonistes ont de plus en plus de mal à s’entendre car la communication est parasitée par les barrissements tonitruants de Jean. On risque donc le malentendu absolu, d’autant plus que la logique des enchaînements est mise à mal.
II. De la farce à l’horreur
A. La métamorphose
1. Le processus de transformationUne lecture précise des didascalies permet de repérer