Le fait d'être convaincu (l'intensité subjective d'une conviction) montre sans doute qu'on n'arrive ni à douter ni à penser différemment - mais il ne prouve pas que l'on a raison de n'y pas arriver ! L'évidence ou la certitude sont des sentiments, des états mentaux de fait. « La certitude qu'il y a des certitudes de droit n'est jamais qu'une certitude de fait », conclut Marcel Conche 5, ajoutant que lorsque le philosophe « prétend parler des choses, il ne fait que parler de lui-même » : il ne dit pas ce qui est, mais ce qui lui apparaît avec le plus de force. Nul n'échappe à sa conscience, c'est-à-dire à son propre point de vue - toujours relatif ! Y a-t-il vraiment un sujet pensant ? Il y a certes de la pensée. Mais est-ce vraiment celle d'un sujet substantiel (le mot latin pour « sujet », subjectum, vient de subjacere, « se tenir sous ») ? Le « je » (ego) cartésien est-il vraiment le sujet de la pensée ? Le sujet conscient n'est-il pas l'effet ou le produit de quelque chose d'autre, qui n'est pas conscient ? N'est-il pas une illusion perceptive... Pour l'empiriste David Hume, le sujet substantiel est une croyance, certes vive et forte, mais qui ne correspond à rien de réel (à rien dont on puisse faire l'expérience). C'est notre habitude de percevoir un flux incessant et très rapide d'impressions intérieures discontinues qui nous fait croire en la simplicité et en la stabilité d'un « moi