immigration
Cheik Oumar Ba
Alfred Iniss Ndiaye
Introduction
A l’image de la migration régulière, l’émigration clandestine est un phénomène relativement ancien. Les chercheurs de diamant en route vers l’Afrique centrale recouraient au début des années 1960 à des itinéraires illégaux et à des activités plus ou moins licite au regard des législations des pays hôtes. Les vagues de migrations des « gens de la vallée » du fleuve Sénégal, suite aux sécheresses des années 1970 ont amplifié ce phénomène secrétant des dispositifs d’accompagnement et d’encadrement des migrants, à travers les passeurs, les njatigui/coxers [1], aussi bien dans les pays traversés que dans les pays d’accueil.
Depuis le début du troisième millénaire, le durcissement des politiques migratoires dans les pays traversés et d’accueil et les conditions de vie de plus en plus difficiles dans les pays de départ, ont changé le visage de la migration clandestine. Elle est devenue massive et trop risquée. Elle devient une migration de désespoir au regard des moyens utilisés. En plus des routes du désert, la traversée de l’océan atlantique à bord d’embarcations fragiles est devenue un moyen privilégié par les candidats à l’émigration pour rejoindre directement les côtes espagnoles. Beaucoup d’entre eux, malheureusement, restent au fond de l’océan ou dans les sables du désert. S’ils ne le sont pas, ils endurent beaucoup de souffrances en mer ou dans les pays traversés.
Elle devient aussi une migration d’espoir. Le mot « clandestin » désigne aujourd’hui au Sénégal les personnes qui empruntent illégalement des pirogues pour se rendre en Europe. Le clandestin est celui qui brave la mer, la faim et la soif, celui qui risque sa vie pour atteindre un objectif noble, celui d’accéder au marché du travail et de chercher à sortir sa famille de la pauvreté. On parle de Mbëk,barça mba barsakh [2] ou bien encore de kaaliss kewdo walla agneere woddunde [3]. Tous ces termes rappellent