immigration_clandestine_maroc
Mohamed Khachani, Président de l'Association Marocaine d'Etudes et de Recherches sur les Migrations
Introduction:
La migration qualifiée d’irrégulière, d’illégale, de clandestine, non autorisée ou encore des « sans papiers »… prend en ce début du XXI ème siècle une importance considérable. C’est un phénomène mondial, très répandu aussi bien dans les pays développés : Aux Etats Unis et en Europe occidentale que dans les pays en développement : l’Asie avec ces tragédies de boat people, l’Amérique Latine où certains pays comme l’Argentine, le Venezuela, la Colombie et le Mexique sont les destinations connues d’émigrés en provenance des pays limitrophes et l’Afrique où les frontières héritées de la colonisation ( en particulier dans certains pays comme le Ghana, le Nigeria, la Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud) ne constituent point, pour les populations riveraines, des barrières étanches.
Ce phénomène acquiert une importance particulière dans le bassin méditerranéen, espace où l’immigration constitue un enjeu central dans les relations entre les deux rives.
La migration irrégulière devient la forme dominante des flux migratoires à destination des pays de l'Union Européenne, elle altère les relations entre les deux pays riverains du Détroit : le Maroc et l’Espagne.
L’examen de cette question renvoie à une problématique multidimensionnelle : la genèse du phénomène, sa dimension, ses causes et ses motivations et les perspectives d‘avenir.
I- La genèse du phénomène
Dans cet espace, la migration clandestine n’est certes pas un phénomène nouveau. Dès les années 50 et surtout 60 et 70, elle existait parallèlement à la migration légale. En France, par exemple, dès l’après guerre, l’émigration clandestine, en provenance d’Espagne et d’Italie, avait connu une certaine intensité. Un scénario assez similaire à ce qui se passe actuellement dans le Détroit se produisait dans les Pyrénées, les candidats