Hopital de guerre
La salle est vaste, les tentures en enfilade
Semblent s’éteindre dans le lointain, à l’infini
Perspective envoûtante qui glace, happe.
Puis, il y a un lit.
Voudrait y reposer un visage hâve.
L’oreiller le porte comme oiselet sous son poids se froisser.
Paupières closes, lèvres entrouvertes
Pour un souffle déjà perdu,
Il faudrait assister
Cette âme presque passée
S’imbiber d’un peu d’humanité.
Puis, il y a un lit.
Les draps renversés
Jettent aux regards un torse coupé
De fines côtes dévoilées
Sous une enveloppe décharnée.
Trop de privations, d’oublis
Mal de ne pas être de plomb
Des yeux supplient
Je ne sais : compassion, pitié.
Puis, il y a un lit.
Gamin s’étouffe du manque de vie
Mains crispées, d’hématomes tachetées
Il cherche à respirer.
Sous les couvertures des jambes s’agitent
Pour échapper à rémission temporaire.
Mécanisme de naissance oublié,
L’homme s’affole pour un reste d’amour
Qu’il voudrait encore donner.
Tout est blême, pâleur universelle.
Des murs aux rideaux poussés
En paquet sur une tringle rouillée.
La misère s’accumule dans les corps blessés.
Existe seule la couleur du sang
Qui crache son vermillon dans ce décor délavé,
S’éclate arrogante avec dernière majesté
Au cœur des bandages, des compresses résignés.
L’horreur gronde tapie dans les blessures béantes
De ces hommes offerts aux folies des guerriers.
Puis, il y a un lit,
Encore un autre lit,
Toujours des lits,
Des lits, des lits, des