Harakiri
Cela faisait quelques jours depuis que la neige avait complètement fondu et qu'une douce brise au parfum de cerisier vint remplacer la solitude de l'hiver. Dans le petit jardin journellement entretenu, la fadeur hivernale se dissolvait sous une agréable tombée de pétales roses. Sur le sentier tapissé de couleurs printanières, une femme, dont le mari était parti en guerre, suivait fidèlement sa routine matinale et se rendait à la cahute où on allait entreposer les effets d'hiver. Elle avait fini ses corvées plus tôt cette journée-là, car elle hâtait de sortir et respirer à nouveau la fraîcheur du printemps. Faisant son chemin entre les longues tresses des saules, elle se rappela de cette longue promenade en compagnie de son mari il y avait un an. Les souples branches de saule berçaient élégamment dans le zéphyr, quelquefois cachant la lumière, quelquefois laissant passer les rayons du soleil qui baignaient les jeunes pousses d'herbe dans une délicate chaleur maternelle. Elle arriva enfin à l'entré de la hutte et y pénétra en s'assurant d'avoir soigneusement refermé la porte derrière. Ses pas la dirigèrent rapidement vers un coin du mur où on retrouvait des tatamis neufs et divers objets appartenant à son noble mari. Entre cette pile d'artefacts, elle y tira un vieux tantō duquel elle essuya méticuleusement la lame jusqu'à ce que son teint pâle apparaisse dans le reflet. Elle regarda sa figure quittée de le jeunesse, parcourue par les traits d'une longue année d'inquiétude et d'attente. Ses mains patientèrent encore quelques instants puis enfoncèrent brusquement la courte dague contre son corps fragile. Tremblant d'une âpre douleur délicieuse, elle rejoint l'âme guerrière de son