godot
Dans En attendant Godot
«ESTRAGON. – J’ai faim. / VLADIMIR. – Veux-tu une carotte? / ESTRAGON. – Il n’y a pas autre chose? / VLADIMIR. – Je dois avoir quelques navets. / ESTRAGON. – donne-moi une carotte. (Vladimir fouille dans ses poches, en retire un navet et le donne à Estragon.) Merci. (Il mord dedans. Plaintivement.) C’est un navet! / VLADIMIR. – Oh pardon! J’aurais juré une carotte.»[4]
Beckett exploite beaucoup la stupidité de ses personnages pour en faire ressortir des moments cocasses, comme le montre l’extrait précédent. Les éléments comiques présents dans la pièce sont multiples : gestes répétitifs ou incongrus, déplacements et jeux scéniques insensés et fréquentes contradictions entre le dialogue et les didascalies, où les personnages font le contraire de ce qu’ils disent faire, comme à la fin de la pièce lorsqu’ils disent «allons-y» et que Beckett indique «ils ne bougent pas». Samuel Beckett s’amuse aussi dans les didascalies de temps à autre en décrivant des jeux de scène, dont voici le plus extravagant :
«Estragon prend le chapeau de Vladimir. Vladimir ajuste des deux mains le chapeau de Lucky. Estragon met le chapeau de Vladimir à la place du sien qu’il tend à Vladimir. Vladimir prend le chapeau d’Estragon. Estragon ajuste des deux mains le chapeau de Vladimir […] Estragon tend le chapeau de Vladimir à Vladimir qui le prend et le tend à Estragon qui le prend et le tend à Vladimir qui le prend et le jette. Tout cela dans un mouvement vif.»[5]
Pour cette citation, une quinzaine de lignes ont été coupées. L’accumulation et l’exagération, particulièrement dans cette scène, ajoutent à l’absurdité et au loufoque.
De plus, les protagonistes ne se comprennent pas et font toujours répéter l’autre : «VLADIMIR. – Relève ton pantalon. / ESTRAGON. – Comment? / VLADIMIR. – Relève ton pantalon. / ESTRAGON. – Que j’enlève mon pantalon? / VLADIMIR. – RE-lève ton pantalon. / ESTRAGON.