Gerer en direct
La propriété, la structuration et les modes de fonctionnement
Gérer en direct avec des outils en différé
Jean Houde*
En tant que gestionnaire, depuis toujours, une chose m’agace : on nous demande de gérer en temps réel à partir de données en temps différé. La pratique actuelle veut que l’action, qui est par essence projetée vers l’avenir, se fonde sur des données passées dont on ignore si elles sont toujours pertinentes. Cette réalité est encore plus irritante aujourd’hui, alors que dans toutes les sphères d’activité, on constate le règne de l’éphémère.
Un système d’information en temps différé
Dans de nombreuses grandes entreprises, les établissements financiers par exemple, les budgets sont préparés jusqu’à cinq mois à l’avance. Il est extrêmement difficile de modifier quoi que ce soit en cours de route. Les gestionnaires sont figés dans l’information de gestion qu’ils ont reçue des mois auparavant. Ils n’ont donc pas la flexibilité qui leur permettrait de réagir rapidement à une demande dont on n’aurait pas tenu compte dans les enveloppes budgétaires. Le phénomène se remarque également dans les états financiers. Prévus pour être publiés à tous les trimestres, les résultats ne sont pas directement accessibles en temps réel. Comme il faut de trois à quatre mois pour les produire, il est impossible de corriger le tir ou d’apporter des mesures de redressement en cours de route puisqu’on n’a pas accès
* Cet article a été préparé en collaboration avec Jacqueline Cardinal et Laurent Lapierre.
aux indicateurs financiers au fur et à mesure de l’exploitation. On le voit : l’appareil est lourd. Le défi de l’entreprise d’aujourd’hui serait donc, à mon avis, de rendre ses systèmes d’information plus aptes à refléter la réalité en temps réel. Certaines entreprises du commerce de détail le font. Chez Walmart par exemple, ou plus près de nous chez Rona, le gestionnaire peut savoir quand son client est entré dans tel magasin, combien de chaussettes rouges