En 1895, Breuer et Freud publient leur Études sur l'hystérie qui regroupent les cas traités depuis 1893, dont celui d'Anna O. (de son vrai nom Bertha Pappenheim). Anna O. est la patiente de Breuer, qui est présentée comme un exemple type de cure cathartique[B 16]. Avant de devenir la cure psychanalytique au sens strict, Freud a en effet dû abandonner la suggestion et l'hypnose, puis la méthode cathartique de Breuer, et prendre en compte le transfert, c'est-à-dire les sentiments du patients projetés sur l'analyste[B 17]. C'est en effet le transfert qui met Freud sur la voie d'une nouvelle approche, cette projection informant sur la nature du conflit psychique dans lequel le patient est pris. En 1896, considérant que sa théorie a droit de cité en psychologie, Freud la baptise du nom de « psychanalyse »[D 27], mais le facteur sexuel n'est pas encore prédominant dans celle-ci[B 18]. Composé du grec ana (qui désigne la remontée vers l'originaire, l'élémentaire), et de lysis (la dissolution, l'analyse), le terme désigne dès le départ la recherche des souvenirs archaïques en lien avec les symptômes[B 19]. Dès lors Freud rompt avec Breuer, demeuré fidèle à la cure cathartique, et rédige un essai laissé inédit : « Esquisse d'une psychologie scientifique ». C'est pourtant dans un autre article « L'hérédité et l'étiologie des névroses »[Freud 5], de 1896, que Freud explique sa nouvelle conception pour la première fois.
Après la mort de son père, le 23 octobre 1896, Freud est abattu par la douleur physique. Il s'intéresse alors exclusivement à l'analyse de ses rêves et se livre à un « travail de fouille dans son passé »[A 2]. Nourrissant de la culpabilité pour son père décédé, il entreprend une auto-analyse qui l'absorbe de plus en plus. Il dit tenter d'analyser sa « petite hystérie » et ambitionne de percer à jour la nature de l'appareil psychologique et de la névrose[D 28]. Lors de cette auto-analyse[B 20], et après avoir abandonné sa théorie de l'hystérie, ses souvenirs