FICHE DE LECTURE
LA GEOPOLITIQUE DES EMOTIONS DE DOMINIQUE MOISI

Dominique Moïsi, politologue et géopoliticien français, aborde dans son œuvre la question du nouvel ordre mondial selon un thème très novateur mais assez discutable dans l’étude géopolitique du monde d’aujourd’hui, celui des émotions. Selon l’auteur, on aurait eu tendance à trop souvent négliger le facteur émotionnel dans la question des relations internationales. Pour appréhender notre monde actuel, il est pourtant nécessaire de comprendre les mentalités de chaque culture, de même que les sentiments éprouvés au sein de chaque peuple. Bien qu’une telle analyse demande certainement un rapport subjectif au monde, comme le rappelle Moïsi tout le long de son essai, elle décrit explicitement une nouvelle géographie du monde prenant en compte les situations historiques, politiques, sociales et religieuses de chaque partie du globe, à l’origine des émotions qui les traversent. Aussi, il divisera sa carte en trois grandes parties : rattachera l’Asie à l’espoir, moteur essentiel de leur essor économique, le monde arabo-musulman à la honte, qui motive son déclin, puis l’Occident au doute identitaire puis la peur. Si Moïsi se base sur ces trois émotions, c’est qu’elles sont toutes en rapport avec la confiance, élément clé nécessaire dans ce contexte de mondialisation.

I. L’espoir, sentiment prédominant dans la culture asiatique

a. Espoir ou ambition Pour les Asiatiques, l’heure n’est plus aux jeux de rattrapages, il ne s’agit plus d’imiter l’Europe et les Etats-Unis en matière de technologie et de commerce, car l’Asie est désormais ambitieuse, et rêve grand, plus grand. L’auteur va surtout se pencher sur la situation en Chine, et en Inde avec Mumbai comme capitale d’ouverture et d’espoir, les deux « géants » du monde oriental. Tous deux ont connu un contexte économique difficile, de dépendance et/ou de soumission à l’Occident. Si aujourd’hui ils rivalisent avec les plus grandes puissances