Fait social
Le souci de Durkheim est donc d’établir institutionnellement la sociologie. Pour lui donner une place académique, pour rendre cette science légitime, il faut qu’elle ait un objet qui lui soit propre et clairement distinct de ce qu’on peut traiter en philosophie ou en psychologie. "il y a dans toute société un groupe déterminé de phénomènes qui se distinguent par des caractères tranchés de ceux qu’étudient les autres sciences de la nature" 1. La sociologie sera ainsi la science des faits sociaux, dans la mesure où ils "sont le domaine propre de la sociologie" 2.
Les faits sociaux :
Intériorisés par les individus par le biais de l’éducation, "ils consistent en des manières d’agir, de penser et de sentir, extérieures à l’individu qui sont douées d’un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s’imposent à lui3. […] Est fait social toute manière de faire, figée ou non, susceptible d’exercer une contrainte extérieure ; ou bien encore, qui est générale dans l’étendue d’une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles 4"
La définition des faits sociaux illustre bien le paradigme holiste dans lequel se situe Durkheim : les faits sociaux sont définis par deux principales caractéristiques : leur caractère coercitif et extérieur aux individus. Les faits sociaux sont extérieurs aux individus, ils leur préexistent et leur survivront (on peut donner ici l’exemple du droit, du langage, de la morale, etc.) et les faits sociaux s’imposent comme une contrainte : si les individus ne s’y plient pas, ils s’exposent à des sanctions de la part de la société. En outre, si le caractère contraignant des faits sociaux reste souvent implicite, c’est parce que les règles de la vie sociale sont intériorisées par les individus au cours du processus d’éducation, de socialisation.
Durkheim distingue enfin deux type de faits sociaux : les faits sociaux normaux – qui, au sein d’une société, se