Un Agneau gras et dodu d’un an à peine flânait dans les bois. Par la ruse, il avait échappé à la surveillance de sa mère la Brebis. Il découvrait la liberté dont il avait toujours rêvé. Plus loin, dans la même forêt, une meute de loups, peu gras et peu gros grignotaient les os d’un animal capturé il y a plusieurs semaines. Alors se croisèrent leurs chemins. L’Agneau, poli, les salua, et cela aurait été sa fin, s’il n’avait su manier la parole. Quand ils s’approchèrent à crocs découverts, il leur demanda habilement :
«Voulez-vous me manger ? Je vous préviens, j’ai peut-être l’air rond, mais cela est mon lainage, je n’ai que peu de chair. Et je crains que je ne suffise qu’à un seul loup. Sur ce, lequel d’entre vous aura l’honneur de satisfaire sa faim ? Entre nous, je souhaiterais être croqué par le plus fort et le plus brave.»
Après ces belles paroles, les Loups commencèrent à se battre pour se départager, ils frappaient férocement, s'arrachaient la peau grace à leurs griffes et leurs mâchoires, dans ce combat pour la survie, aucun des Loups n'eut de scrupules. L’Agneau, s’enfuit à toutes pattes et s’enfonça au plus profond de la forêt. Il courrait sans se retourner, traversait les rivières, et enfin, s’arrêta, hors d’haleine. Un Renard le héla :
«Allons l’ami, où cours tu ainsi ?
- Une meute de loups affamés me poursuit pour m’avaler.»
Le Renard réfléchit un moment et affirma :
«Tu seras plus en sécurité dans ma tanière, je t’hébergerais le temps que les Loups t’oublie, puis je te ramènerait chez toi. Mais entre temps, je te nourrirai, et m’occuperai de toi comme il se doit, tu es un invité de marque, et tu ne m’as pas l’air assez nourri, sans tout ce lainage.
- Oh, détrompe-toi, réplica l’Agneau, le Fermier m’a rasé de près il y a quelque jours.»
Le Renard l’emmena alors chez lui, une tanière sous les racines d’un chêne. Une poignée de minutes après leur arrivé on entendit cogner à la porte. Le Renard entrouvrit et vu un Loup, un Loup couvert de sang et