Je l’entends. Il est tout près, sommeillant sous un ciel décoré de noirceur. Ce traitre! Chacune de ses respirations me fait frissonner de rage. Chacun de ses mouvements éveille mon esprit de chasseur. Et là, il ne fait que dormir; c’est pire lorsqu’il est éveillé. Se prenant pour une licorne, il se pavane devant les autres bêtes de la ferme avec un air si fier, SI fier, que beaucoup finissent par croire en sa supériorité. Les animaux l'envient, cherche son respect, son amour... Eh bien, laissez-moi vous dire que ce ne devrait pas être le cas. La stupidité qui l’englobe est d'une pesanteur incroyable, elle est palpable. Il me fait dégobiller, bonté Divine! Tout ce qui émane de lui rencontre directement mon excrémenteux. Quel être vicieux! Ignoble! Les grands airs importants qu’il se donne devrait être un signe révélateur de combien il est con; les autres animaux devraient comprendre... Et pourtant, presque l'entièreté de la ferme l'honore.
À tous les matins, quelques coqs de mon espèce s'époumonent à chanter à ses admiratrices, les vaches, de se réveiller; d'ouvrir les yeux! En vain, malheureusement. Elles sont comme sourdes et continuent de brouter ses conneries, de se nourrir de son imbécilité. Pareil pour les moutons, autour desquels une couche de laine pleine de merde s’épaissit à mesure qu'ils admirent leur idole. Le petit con n'a qu'à se convaincre lui-même de la bonté de ses propos pour que les autres s'en retrouvent tout aussi convaincu. Une vraie bouse. C'est ainsi que je vous demande, que je vous prie, chers coqs, de ne jamais arrêter de crier. Peut-être qu'un jour, qui sait, la ferme saisira combien il est nuisible! Peut-être finira-t-il par être extradé du troupeau? Ce serait la meilleur option, à la fois pour nous et pour lui-même.