Existe-t-il un inconscient collectif ?
Dans Totem et Tabou (1913), Freud avait étudié des thèmes inconscients de la mentalité primitive, particulièrement sensibles dans les mythes: "Chez eux, écrit Freud en parlant des primitifs, les rapports symboliques n'appartiennent pas en propre au rêveur, et ne caractérisent pas uniquement le travail qui s'accomplit au cours de ses rêves: les mythes et les contes, le peuple dans ses proverbes et ses chants, utilisent le même symbolisme."
Après avoir fait la critique de l'interprétation freudienne des rêves par les désirs refoulés, thèse jugée par lui trop étroite, Jung entreprit, de 1921 à 1925, une série de voyages en Afrique, en Arizona et au Nouveau-Mexique. Les observations des primitifs l'amenèrent à concevoir la notion d'un inconscient collectif résidant en chaque individu et où viendrait se déposer l'expérience ancestrale de la race; cette théorie fut corroborée par l'analyse de certains malades européens chez lesquels il décela toute une symbolique mythologique, héritage de l'inconscient ancestral, tout un monde d'images fantastiques que Jung appelle des "archétypes". "En tant que, par notre Inconscient, nous avons part à l'âme collective historique, nous vivons naturellement à l'état inconscient dans un monde de loups-garous, de démons, de magiciens, etc., qui ont rempli tous les temps antérieurs à nous des émotions les plus intenses. De même, nous avons part à des Dieux et à des diables, à des sauveurs et à des malfaiteurs."
Dans la thèse de Jung, l'homme est nanti, dès sa naissance, d'un inconscient collectif, créateur d'images héréditaires. Un tel point de vue qu'on a pu qualifier de "fragile" est fort éloigné de celui de Freud. Lorsque ce dernier parle d'un inconscient collectif, il ne se réfère pas à un mystérieux archétype mais au caractère universel des complexes et des pulsions qui se forment dans l'inconscient de chacun, au cours de son histoire individuelle. La plupart des psychanalystes admettent,