Etre et avoir
Quand des gens disent qu'ils n'ont pas les mêmes valeurs, qu'entendent-ils par là? Nous pensons que deux systèmes de valeurs sont confrontés en permanence : l'un qui privilégie l'être et l'autre l'avoir et donc qui prétend soit punir ce qui porte atteinte à l'être ou au contraire ce qui porte atteinte à l'avoir. Il est possible que dans les deux cas, la douleur, le traumatisme soient aussi forts mais les causes en différeront sensiblement.
Il semble que dans notre monde actuel, la question de l'avoir devienne prééminente : l'attachement aux objets s'accentue tant les objets font partie de notre quotidien ; notre bonheur semble donc à la merci d'un vol, d'une chose qui se brise, qui se détraque mais en même temps, un objet cela se répare, cela se remplace. Mais comme les objets ne cessent de se perfectionner, cela généré une sorte d'insatisfaction chronique tant on est conscient que la valeur d'une personne est de plus en plus liée à l'équipement dont elle dispose, qu'elle a su acquérir, qu'on lui a confié ou donné. Tous les problèmes semblent désormais se réduire au fait d'avoir ou de ne pas avoir le "bon" objet, c'est à dire le plus performant, le plus fiable. Le mal consiste en ce qui nous prive, pour quelque raison que cela soit, de ce que nous avons ou de ce que nous voudrions posséder ou ce à quoi, en tout cas, nous aimerions avoir accès. Le verbe important, ici, est donner : on attend que l'on nous donne ce qu'il nous faut pour être au "top".
Cela dit, les valeurs de l'être n'ont pas complètement disparu et ce d'autant qu'elles sont souvent tapies derrière la problématique de l'avoir. On reconnaît plus facilement que quelqu'un a reçu une bonne formation - c'est à dire qu'on lui a "donné" de bonnes bases - plutôt que d'admettre que cette personne est plus douée (c'est à dire mieux dotée par la nature), plus capable.
Mais le point aveugle du débat nous semble être celui du perfectionnement