Du travail productif des enfants au travail scolaire…
Jusqu’au XXème siècle, le travail des enfants fait partie intégrante de la vie sociale et économique française. En effet, traditionnellement, les enfants travaillent dès leur plus jeune âge aux côtés des adultes (le plus souvent leurs parents mais aussi les patrons chez lesquels ils sont placés). Durant l’industrialisation l’organisation du travail passe de petites structures familiales (dans lesquelles les enfants étaient initiés dès leur plus jeune âge au travail des adultes) à des structures industrielles plus grandes et plus demandeuses en main d’œuvre. Les enfants sont alors intégrés pleinement aux côtés des adultes dans cette nouvelle organisation, particulièrement dans les industries du textile et de l’extraction minière (Pierrard, 1977). Le travail des enfants qui coûte moins cher aux employeurs et participe aux revenus de la famille constitue ainsi un enjeu économique d’importance, ce qui influence les débats sur sa limitation. Les conditions de travail qui sont les mêmes pour les enfants et les adultes entraînent mortalité précoce et mauvaise santé, mais ceci ne choque d’abord qu’une minorité de l’opinion publique. Plusieurs préoccupations amènent cependant l’Etat à légiférer : - « ne pas épuiser trop tôt la main d’œuvre, donner à une partie des jeunes des qualifications, c’est aussi un moyen d’intégrer les classes dangereuses. […] L’enfance ouvrière oblige à poser la double question de la force de travail adulte (à protéger) et de la force militaire (à constituer) »[1]. Alors que le temps de la jeunesse est de plus en plus considéré comme le temps de l’apprentissage qui prépare à l’âge adulte, le travail des enfants va progressivement être régulé par l’Etat français (première loi en 1841). Il va diminuer de façon constante durant la deuxième moitié du XIXème siècle (figure1), créant ainsi du temps libéré pour les enfants, malgré la réticence d’une grande partie du monde industriel qui craint les